|
Parenthèses
Cette section contient une
trentaine de courts textes de Ginette Ledoux
sur des moments, des capsules de vie, tirés de l'un ou
l'autres
de nos voyages ou encore des réflexions
sur divers aspects liés au voyage.
Ces
parenthèses se veulent plus personnelles que les autres
sections
du site et font ressortir nos partis pris, nos coups de coeur.
Ces
courts textes sont dissiminés un peu partout sur le site.
Ils sont regroupés ici pour en faciliter l'accès.
|

Ginette
Ledoux
avec
un guide brahmane en Inde
|
Ne cherchez pas
Bénarès sur une
carte de l'Inde.
Vous avez beaucoup plus de chances de trouver
Varanasi. La ville mythique des bords du Gange ressemble exactement
à
l'idée qu'on s'en fait. Pour l'apprécier dans
toute sa splendeur, on
doit louer une barque très tôt le matin et
assister au lever du soleil
sur le fleuve. Le soleil seul ne mériterait pas l'effort de
se tirer du
lit à des heures impossibles. Le spectacle, c'est surtout la
ville qui
l'offre. La lumière naissante pare les palais et les temples
qui
dominent les ghats de teintes pourpre, rose et ocre extraordinaires. |
Le Gange est un fleuve
sacré. A
mesure que le jour monte les quais se couvrent de la foule fervente et
colorée des fidèles venus s'immerger dans l'eau
sainte pour se purifier
de leurs fautes. Les moines hindous balaient dans l'eau les cendres des
récentes crémations afin d'assurer la vie
éternelle aux défunts. Les
gigantesques buffles d'eau, les vaches sacrées et les chiens
domestiques pataugent et s'abreuvant au milieu de gens
indifférents à
leurs ébats. |
 |
Après la promenade en
bateau, notre petit capitaine d'une douzaine d'années
nous invite à prendre le thé au stand de son
père. Nous acceptons avec
plaisir. Le thé est délicieux et l'ambiance
exceptionnelle. Alors que
nous avalons les dernières gorgées de notre
verre, le papa se rend
compte que sa théière est vide. Il descend au
fleuve, profite d'une
éclaircie dans la foule, balaie la surface de la main,
plonge la
bouilloire dans l'eau et remonte la poser sur son réchaud.
Le doute
n'est plus permis: nous avons bu de l'eau du Gange! (G.L.)
|
Pétra
On
a beau se croire bIasé des vieilles pierres, personne,
jamais,
ne peut se prétendre immunisé contre
Pétra. Vous
avez vu Indiana Jones et la dernière croisade? Vous
rappelez-vous le magnifique temple rose à la fin du film, un
temple au fronton majestueux sculpté à
même le roc
de la falaise, juste à la sortie d'un long
défilé
étroit et profond? C'est le Khazneh.
Pétra
est une ville du sud de la Jordanie construite par les
Nabatéens. en plein désert, puis
occupée par les
Romains. C'est une ville morte, une ville morte bouleversante. C'est la
beauté faite pierre. |
La
magie de Pétra ne tient pas de la
légende mystique
du Graal, peu s'en faut. Elle tient de la grandeur de l'homme qui s'est
mesuré à la grandeur du site. Petite fourmi
laborieuse,
l'homme a creusé la montagne d'une multitude
d'alvéoles,
il a érigé les frontons des temples, il a
dressé
les escaliers et il a dompté l'eau. Dans le décor
fantasmagorique de défilés et de gorges, de
falaises et
de pics, il a laissé la marque
indélébile de
son courage et de son ingéniosité.
Puis,
Pétra a été rendue à la
pierre. Est-ce la
cruauté du désert ou la folie des hommes qui
l'ont
vidée de ceux qui l'avaient faite? Difficile à
dire.
Seuls quelques Bédouins sont restés, vestaIes
vigilantes de la
flamme sacrée de la vie face à
l'éternité
minérale. Les doigts puissants du vent, du sable et du sel
ont
gommé les traces du passage de l'homme, estompé
le
décor et brouillé les pistes. Ces artistes
aveugles ont
pourtant recréé une gigantesque oeuvre d'art,
grandiose
et intemporelle, devant laquelle on se sent tout petit. (G.L)
|
 |
Quand
le passé se décline au présent
|
On
trouve à peu près partout dans le monde des
traces des civilisations
disparues. Certains vestiges ont été
abandonnés, d’autres ont été
restaurés ou encore transformés en
musées pour nous donner un meilleur
aperçu du passé. Bhadgaon (ou Bhaktapur) dans la vallée de
Katmandou, au Népal,
a
échappé au sort commun. La ville n'a pas
bronché depuis plusieurs
siècles.
À Bhadgaon, la
vertigineuse plongée dans le Moyen Âge
est un véritable enchantement. La ville est ravissante. Des
maisons,
des palais et de drôles de temples à
étages, construits en brique rouge
et en dentelle de bois foncé, se découpent
harmonieusement sur le fond
vert des collines environnantes. Des monuments religieux, oratoires,
statues, clochetons ou soupas, surgissent à tous les
détours. De
longues guirlandes d'herbes odorantes pendent le long des maisons,
au-dessus des ruelles étroites. Des enfants joyeux jouent
dans les
espaces dégagés, des femmes en saris font leur
lessive et des artisans
travaillent en plein air, sur les pavés de la rue.
|
|
Depuis
plusieurs siècles, les potiers occupent la
même place. Ils fabriquent
les mêmes jarres, pots ou récipients que leurs
ancêtres sur les mêmes
lourdes meules de pierre et dans la même glaise noire de
Thimi.
L'illusion est parfaite. Le temps est aboli.
Aboli?
Pas tout à fait, pourtant. Dans le décor
médiéval, le 21ième siècle
fait un petit clin d'oeil à l'observateur attentif. Si la
poussée des
bâtons fait toujours tourner les meules, des pneus de
tracteurs ou de
camions ceinturent parfois les grandes dalles rondes pour
protéger les
jambes du potier de la friction de la pierre. L'anachronisme est si
discret que j'ai mis un bon moment à le repérer.
(G.L.)
|
|
La
chute du mur |
|
Je
suis grimpée sur le mur de Berlin peu après sa
chute et
avant la réunification, juste au moment où
quelques
brèches se sont ouvertes dans une frontière
jusque-là complètement étanche.
J'ai
entendue les coups de marteau de ceux qui démolissaient
centimètre par centimètre l'odieux
témoignage de
la bêtise humaine. Je me suis recueillie devant les croix
fleuries érigées à la
mémoire des
jeunes gens qui sont morts en tentant de passer à l'Ouest,
le
dernier quelques mois à peine avant la chute. J'ai eu
quelques
conversations émouvantes avec un vieux monsieur qui avait
finalement pu revoir sa famille après dix-sept longues
années de séparation.
J'ai
vu
I'étonnement et la convoitise dans les yeux de ceux qui
apercevaient pour la première fois la
prospérité,
l'abondance, la propreté rutilante, la belle organisation et
le
souci esthétique d'une grande ville occidentale. J'ai lu
dans
leur regard le double sentiment d'envie et de frustration devant tout
ce dont ils avaient été privés. J'ai
célébré avec eux la victoire de la
liberté
sur l'oppression, de la démocratie sur la dictature, du bloc
de
l'Ouest sur le bloc de l'Est.
C'était une
période
exaltante. Toute l'Europe était en fête. Tout le
monde
avait le sentiment d'appartenir à la grande famille humaine
enfin réunie. Tout le monde avait le sentiment de partager
un
grand moment historique. Tout le monde s'aimait.
Une
vingtaine
d'année se sont écoulées. L'Allemagne
est
maintenant unifiée. De multiples problèmes ont
dû
être surmontés. Mais
à part quelques nostalgiques, peu d'Allemands voudraient
retourner en arrière. (G.L.)
|
En Syrie et en Jordanie,
à notre grande surprise, nous avons trouvé de
vrais
petits bijoux d'hôtels bon marché, propres,
confortables
et merveilleusement chaleureux. Ces hôtels
possèdent tous,
près du comptoir de la réception, un salon
équipé de la télévision.
Ces salons,
très fréquentés par les clients de
passage, les
propriétaires et les employés de
l'hôtel, et
même par leurs voisins et leurs amis, sont des lieux de
rencontre
extraordinaires. J'avais donc très vite pris l'habitude de
m'y
pointer assidûment tous les soirs. Que je m'y retrouve
souvent la
seule femme de l'assemblée ne m'a jamais
gênée. Au
contraire! Mon statut d'étrangère suscitait une
certaine
curiosité et m'auréolait d'un certain prestige,
et mon
âge me protégeait des jugements
téméraires.
L'hospitalité
arabe est exceptionnelle. Je n'avais pas sitôt
posé mes
fesses dans un fauteuil que quelqu'un m'arrivait avec un verre de
thé. C'était une façon très
respectueuse de
manifester de l'intérêt pour ma personne et
d'engager la
conversation.
|
J'ai
toujours accepté l'invitation. Ces
soirées à deviser à bâtons
rompus en
anglais, m'ont plus appris sur la vie et ça
mentalité du
Moyen-Orient que si j'avais lu quarante bouquins sur le sujet.
Quand
l'assemblée se dispersait et que je restais seule avec le
réceptionniste, notre tête à
tête prenait une
tournure beaucoup plus personnelle et beaucoup plus profonde. J'ai
même reçu de vraies confidences. Des jeunes gens
m'ont
confié leur solitude affective, m'ont parlé de
leur
inquiétude face à l'avenir et m'ont
avoué leur
angoisse face aux responsabilités que leur
société
fait peser sur eux.
Ils semblaient apprécier profondément ces
échanges
difficiles ou même impossibles dans leur propre culture.
(G.L.) |
 |
Autour
du lac Dal
À
Srinagar, au Cachemire, dans Ie nord de l'Inde, nous avons loué
de massives bécanes asiatiques, pour faire le tour du lac
Dal.
La ville pittoresque se love sur son lac, dans une étroite
vallée de l'Himalaya cernée de hautes montagnes.
Le
site est absolument grandiose. En fond de scène, les
majestueux
sommets blancs et acérés grimpent à
des hauteurs
vertigineuses.
|
 |
Devant, de longues embarcations
effilées fendent sans la troubler une eau d'argent liquide,
lisse comme
un miroir. Entre les deux, l'éclat de la neige
immaculée contraste
violemment avec le vert émeraude éblouissant des
feuillages d'hiver.
Dans l'air flotte un étrange silence, un silence
feutré tellement
surprenant dans l'Inde si sonore. Magnifique!
Notre
promenade nous a fait
découvrir de beaux jardins mongols frissonnants sous le gel,
des
maisons coiffées d'étranges greniers ouvert, un
émouvant cimetière
musulman, un quartier ancien de hautes maisons aux façades
de bois
finement sculptées, un impressionnant marché de
légumineuses et
d'épices, une bande de joyeux enfants jouant avec des
cerfs-volants de
papier de couleurs vives. Et puis la vie, la vie de tous les jours,
dans la rue, dans les cours d'école, dans les
échoppes ouvertes sur la
rue et sur les house-boats, ces curieuses maisons-bateaux
héritée des
Anglais.
Nous nous sommes
arrêtés pour prendre un bon thé du
cachemire, chaud et délicieusement
épicé, visiter une fabrique de tapis
de soie, la spécialité de Srinagar, et manger
dans un restaurant
populaire, où nous avons été
accueillis comme des princes. Au retour,
le coucher du soleil nous a offert une apothéose de sommets
d'un rose
bouleversant, baignant dans une limpide lumière
pêche
extraordinairement féérique. Que de merveilleux
souvenirs pour une
journée qui n'a presque rien
coûté! (G.L.) |
Nous
étions à Louxor, en Égypte, quelques
semaines après le
massacre du 17 novembre 1997, où soixante-deux personnes
sont
mortes: cinquante-huit touristes et quatre égyptiens. Nous y
sommes allés en toute confiance, avec la certitude que ce
qui
était arrivé était une sorte
d'accident, un
accident tragique causé par une poignée de
fanatiques.
Nous n'avons jamais éprouvé la sensation d'un
quelconque
danger. Au contraire. Les habitants se sont montrés d'une
affabilité réconfortante. Ils voulaient tous que
nous
fassions savoir au monde qu'il n'y avait pas de danger à
Louxor,
que la vie y était bonne, les sites touristiques toujours
aussi
magnifiques et la population plus accueillante que jamais. (Promesse
tenue!) Mais pas moyen de les faire parler de la façon dont
ils
avaient vécu les événements, du choc,
de
l’horreur et du deuil. Ils feignaient de ne pas entendre et
déviaient la conversation sur un autre sujet. Tous.
|
Le
massacre de Louxor a eu, pendant assez longtemps, des
répercussions catastrophiques sur
l'économie de la ville, qui vit essentiellement de tourisme.
Officiellement, le chiffre d'affaires a baissé de
quatre-vingts
pour cent; d'après nous, c'était encore pire. Les
hôtels étaient vides, les bateaux de
croisière
amarrés aux quais, les boutiques silencieuses et les
habitants
désespérés.
Quand
nous avons loué
une felouque pour la classique promenade sur le Nil, notre capitaine
nous a appris qu'il n'était pas sorti depuis quarante jours
à cause de tous les étrangers qui avaient
annulé
leur voyage! J'ai trouvé le premier ministre britannique
Tony
Blair totalement illogique de recommander aux Anglais
d'éviter de voyager en Égypte: Mme Thatcher
avait-elle
recommandé aux étrangers d'éviter
Londres
après que I'IRA eût fait sauter la gare de Charing
Cross?
Alors que
c'est à
Louxor qu'a eu
lieu l'attentat, c'est à Assouan que nous avons
été confrontés à ce que
nous avons baptisé le syndrome de Louxor, une obsession
malsaine pour
la sécurité. Le
chef de police a fait fermer la route d'Abou Simbel et
défendu
aux transports en commun de prendre des étrangers. |
 |
Tous
les touristes pour Abou Simbel devaient s'y rendre en avion et, pour
les autres destinations, emprunter des «convois»,
en fait
des tours organisés accompagnés par une voiture
de police
solidement armée. Nous sommes convaincus que ces
décisions avaient pour but, sous le couvert d'assurer leur
sécurité, d'obliger les touristes à
utiliser les
services les plus chers. Nous nous sommes même
demandé
combien le chef de police avait pu toucher en bakchich des compagnies
concernées pour prendre des décisions aussi
stupides.
Le
pauvre homme s'est trompé sur toute la ligne, sur
l'efficacité des mesures qu'il a prises comme sur la
réaction des touristes face à ces mesures:
personne ne se
sentait vraiment réconforté de voir son avion ou
son
convoi devenir une véritable cible, personne ne se sentait
rassuré de voyager entre les mitraillettes et personne
n'appréciait de voir réprimer sa
liberté de
circuler. Nous avons tenté de faire comprendre aux gens qui
prétendaient agir dans notre intérêt
que leurs
moyens étaient maladroits et que, s'ils cédaient
à
la peur, les terroristes gagnaient sur toute la ligne, eux qui avaient
déjà réussi à faire fuir
les touristes et
à tuer l'économie. Nous avons cité les
gens de
Louxor en exemple après un tel drame, le seul
remède est
d'essayer de vivre le plus normalement possible. (G.L) |
Leçon
d'humanité
Il faut ici se reporter
à la fin des
années 80, alors que le Guatemala était encore
au prise avec des poches de
guérilla. Si je m'étais fiée
uniquement aux reportages que j'ai vus à
la télévision, je ne suis pas sûre que
je serais allée au Guatemala. Du
moins, pas avec notre propre voiture à partir du Canada et
encore moins
en y emmenant les enfants. Et pourtant, j'ai aimé ce
pays-là d'amour.
Ce coin du monde partagé entre la jungle et les hautes
montagnes est
d'une beauté époustouflante. Le site
archéologique de Tikal est l'un
des plus impressionnants du monde, le lac Atitlan un pur joyau dans son
écrin de volcans, et les marchés de
Chichicastenango ou de San
Francisco el Alto parmi les plus colorés de la
planète. |

|
Maïs le principal
attrait du
Guatemala, ce sont les Guatémaltèques. Ils sont
beaux, dignes, fiers,
accueillants, souriants et serviables. Un vrai bonheur! C'est la
société qui nous a servi la plus belle
leçon d'humanité: quand on n'a
pas de services à sa disposition, on ne peut compter que sur
la
solidarité humaine. J'ai connu dans ce pays un sentiment de
bien-être
entier et de totale sécurité. Je savais que si
nous avions des ennuis,
nous pourrions toujours compter sur les gens autour de nous. |
J'avais raison :
l'état de certaines
routes a mis à mal le système de freinage, qui
nous a totalement
lâchés, en pleine jungle du Péten. La
panne a été réparée avec
empressement et une totale gentillesse, dans un atelier de
mécanique en
plein air de Florès, grâce au bon vieux
système D. Quand on n'a rien,
on doit se débrouiller avec les moyens du bord. (La
réparation a tenu
plus de deux ans!) Le lendemain, nous nous sommes enfoncés
jusqu'aux
portières dans un cloaque de boue, sur une route que les
pluies de la
mousson avaient rendue quasi impraticable. Là encore, un
mouvement de
solidarité joyeuse nous a tirés d'embarras.
À
l'époque, si la répression contre
les autochtones, qui constituent la majorité de la
population, s'était
un peu calmée, la présence militaire restait
très importante. On dirait
pourtant qu'en réaction la population se serre les coudes,
cultive la
joie de vivre et la sérénité, et tire
un profit maximum du peu qu'elle
possède. C'est vraiment une belle leçon de vie.
(G.L) |
Patrimoine
de l'humanité |
Les
backwaters |
La ville de Sour et
ses environs au
sud du Liban,
à quelques kilomètres de la frontière
d'Israël, ont
été
régulièrement la cible de raids
aériens israéliens. Pour accéder
à
l'antique cité romaine de Tyr sur laquelle la ville est
construite, on
circule entre les chars d'assaut et les batteries
antiaériennes
pointées vers le ciel.
|
Dans
l'extrême sud de l'Inde,
là où le tropique du Cancer commence à
frôler l'équateur, il règne
à longueur
d'année une chaleur d'étuve. Voyager sur l'eau
est une
récréation fort bienvenue. Pour quelques sous,
les
connaisseurs font donc le trajet d'Alleppey à Quilon en
bateau-bus. Les banquettes de bois sont un peu raides sous les fesses
mais, dans l'air tiède et lumineux, le décor est
magique
partout.
Les backwaters, réseau complexe
de lagunes et de
canaux navigables, quadrillent certains des plus jolis paysages du
monde. L'eau, la végétation tropicale et le ciel
bleu s'y
entremêlent pour composer une tapisserie d'une
séduisante
luxuriance. La vie du Kerala se déroule le long des rives,
calme
et sereine à l'ombre bénéfique des
palmiers, des
cocotiers et des bananiers. Le bonheur exige ici qu'on prenne tout son
temps. Nous avons mis neuf heures pour franchir les
quatre-vingts
kilomètres entre les deux villes. (G.L.)
|
 |
La présence de tout
cet arsenal
militaire a de quoi impressionner les âmes sensibles.
Pourtant, nous
avons découvert avec étonnement, au milieu des
ruines historiques, la
présence de grands panneaux bleu vif orientés
vers le ciel, sur
lesquels on pouvait lire à peu près ceci:
«Site du
patrimoine mondial
protégé par I'UNESCO».
Autrement dit:«Défense
de bombarder!»
Étonnant,
non? Les Nations Unies réussiraient-elles à mieux
protéger les vieilles
pierres que les populations. (G.L.)
|
 |
Chez
l'habitant tchèque
À Prague,
en République
tchèque, peu de temps après la chute du
mur de Berlin et deux jours avant une visite du pape, les seules
chambres d'hôtel disponibles coûtaient un prix
astronomique. Et nous étions quatre! À notre
sortie du
bureau d'information touristique, alors que nous étions un
peu
découragés, un professeur d'éducation
physique de
l'université nous a abordés et proposé
de nous
loger chez lui.
Ses deux
enfants
étaient à la campagne pour les vacances
scolaires et sa femme et lui pouvaient dormir au salon. Il parlait un
peu l'anglais, très peu à vrai dire, juste ce
qu'il faut pour
entretenir l'illusion d'une conversation. Malgré ce
handicap, il a
quand même découvert assez vite ce que lui et nous
avions en commun:
les frères Statsny, d'origine tchèque, qui
jouaient à l'époque avec
l'équipe de hockey des Nordiques de Québec.
C'est ainsi
que, grâce
à quelqu'un
qui souhaitait arrondir ses fins de mois, nous avons pu
pénétrer dans
l'intimité d'une famille moyenne d'Europe de l'Est. Ce
n'était pas
courant à l'époque et c'est une
expérience que je recommande de faire
au moins une fois dans sa vie. Ça vaut tous les cours
d'économie
comparée. (G.L.) |
 |
Nous avons eu la chance de
visiter
la Chine
en 1985, très peu de temps après l'ouverture du
pays au
tourisme. Étant donné le contexte socio politique
et la phénoménale
différence de langue, nous nous attendions fort peu
à entretenir des
contacts personnels avec les Chinois. Et pourtant, c'est une des
destinations où nous avons fréquenté
le plus la population locale. Les
Chinois se sont montrés accueillants, chaleureux et
terriblement
curieux. Notre présence a même causé
quelques attroupements et nous
avons été traités aux petits oignons
presque partout. |
 |
Le touriste étranger
étant une
denrée rare à l'époque, nous
étions vite repérés. Les
étudiants chinois qui s'étaient mis à
l'apprentissage de l'anglais ou
du français venaient nous trouver pour vérifier
la qualité de leur
savoir et s'exercer un peu. Nous avons donc visité le jardin
botanique
de Canton - Guangzhou pour les Chinois - en compagnie de deux jeunes
gens qui ajoutaient à leur connaissance de l'anglais celle
de la
botanique. Leur traduction du nom des plantes ressemblait à
la
récitation d'un poème. Nous étions
loin de l'aride vocabulaire
scientifique de nos herbiers!
|
 |
En
général, nous avons été
étonnés
de la qualité de l'enseignement des langues
étrangères dans les écoles
d'un pays aussi fermé à l'époque que
la Chine. Étonnés aussi de la connaissance
que les Chinois avaient de la culture des pays occidentaux. Certains y
ont vu la preuve de la supériorité de l'Occident
sur l'Orient. Pour
nous, c'était plutôt la preuve du contraire. C'est
celui qui connaît le
mieux l'autre qui se retrouve en position de force.
La
place que la
Chine a prise depuis dans le commerce international nous a
donné
raison. (G.L.) |
Voiture
avec chauffeur
À New Delhi en Inde, nous
avons loué une
automobile avec chauffeur pour les deux semaines de notre visite du
Rajasthan, que nous voulions voir de près et à
notre rythme. Encore
aujourd'hui, la plupart des loueurs imposent un chauffeur. Le coût
d'une telle location, relativement raisonnable par rapport à
nos
critères, représente une fortune en Inde.
Notre
chauffeur, qui
se disait bien payé ne percevait que dix pour cent du
montant que nous
avions versé au propriétaire de l'agence. Il nous
a fallu quelques
jours pour nous rendre compte qu'il dormait dans la voiture: il n'avait
pas les moyens de se payer les hôtels où nous
débarquions.
Nous
avons donc franchi
plusieurs
centaines de kilomètres sur la banquette arrière
d'une grosse Hindustan
Ambassador, qui n'est rien d'autre qu'une copie de la britanique et
guindée Morris Oxford des années 50. Nous avons
vite compris pourquoi
les autorités indiennes hésitent à
laisser conduire des étrangers sur
leur sol. Pour être chauffeur en Inde, il faut croire
à la
réincarnation! |


|
Le
nôtre
était un Sikh de vingt ans,
très habile. Il parlait un petit peu l'anglais et nous a
avoué n'être
heureux qu'au volant de sa voiture. Il était
complètement dérouté par
le genre de touristes que nous étions et nous a
observés un long moment
avant d'oser nous entraîner dans le monde ordinaire, le sien.
La
première fois qu'il nous a demandé si nous
voulions nous arrêter manger
à un restoroute - rien de comparable avec les
nôtres - il n'était pas
très sûr de lui. Nous avons compris qu'il avait
repéré des
coreligionnaires et souhaitait rompre l'isolement dans lequel nous le
confinions malgré nous. Nous avons accepté et ne
l'avons jamais
regretté. Nous ne saurons jamais ce que le charmant jeune
homme
racontait à ses copains à notre sujet, toujours
est-il qu'ils ont bien
rigolé à nos dépens. Nous nous sommes
beaucoup amusés et en plus, nous
avons fort bien mangé. (G.L.)
|
Changement
de programme
 |
En
préparant notre itinéraire de voyage en Israël,
nous avions
prévu passer deux ou trois jours dans la bande
de Gaza, afin d'observer
de l'intérieur les conditions de vie de la population du
territoire.
Presque à la dernière minute, nous avons
été court-circuités par la
situation politique et nous avons dû renoncer.
C'était le dixième
anniversaire de l'Intifada de décembre 1987, le
soulèvement populaire
palestinien, et les autorités sous la direction de Yasser
Arafat
avaient décidé d'effectuer le recensement de la
population sous leur
contrôle. |
La tension politique a
monté d'un cran et le territoire a été
bouclé, interdit à tous ceux qui ne pouvaient pas
prouver qu'ils
avaient de bonnes raisons d'y pénétrer. Le
tourisme n'était pas de
celles-là. Nous en avons été quittes
pour passer deux jours de plus à
Tel-Aviv. Malgré la frustation découlant de la
fermeture de Gaza, nous
avons quand même bien profité de notre
séjour supplémentaire à Tel
Aviv. La ville est superbe et le bord de mer fabuleux!
Aujourd'hui,
les tensions sont permanentes et un voyage dans la bande de Gaza et ses
environs est formellement déconseillé par les
divers gouvernements. (G.L.) |
La
Grande-Bretagne en camping
La Grande-Bretagne
nous faisait de l'œil depuis un certain temps
déjà.
Un seul obstacle nous retenait: le coût
élevé du
logement. Il faut savoir que le Bed
and Breakfast
est une formule hôtelière qui veut rarement dire
«logement économique chez l'habitant».
L'arrivée dans le commerce de grandes tentes
légères et compactes nous a ouvert des horizons.
Je n'ai
jamais pu me faire à l'idée de ramper pour me
glisser
dans un abri individuel grand comme un mouchoir de poche. Je tiens
à mon confort! |
Par un beau mois de
juillet, nous avons
donc visité la Grande-Bretagne - Angleterre, pays de Galles,
Écosse - en camping. Contrairement à la croyance
populaire, il a fait beau tout le temps. Les îles
britanniques
étaient souvent plus brumeuses que pluvieuses. À
l'aide
du guide de camping RAC, nous avons déniché de
vrais
petits bijoux de terrains magnifiquement équipés:
séchoirs à cheveux, fers à repasser,
salon de
télé, salle de lavage, éviers pour la
vaisselle,
sites gazonnés. Certains ressemblaient même
à de
véritables jardins botaniques. La plupart du temps, nous
campions chez un fermier qui avait réservé un de
ses
champs aux voyageurs de passage.
|
 |
Les
seules choses qui manquent partout, pour les non-européens
que
nous sommes, ce sont les tables. Nous avions donc trimballé
avec
nous une petite table pliante, avec ses quatre sièges
incorporés, qui se ferme comme une valise. Et nous avions
tout
ce qu'il faut pour faire notre cuisine. Quand on se lassait des fish and chips,
on allait faire une virée au supermarché du coin
et on se
cuisinait une petite bouffe à notre goût,
accompagnée d'une bonne bouteille de vin! (G.L)
|
L'expérience
des autres |
Trois
semaines pour commencer |
On
peut profiter sans scrupules de
l'expérience des autres. Aucun globe-trotter ne va
lésiner sur son
temps, rechigner à partager ses expériences ou
refuser de raconter ses
aventures. Tous seront bien trop contents d'avoir des auditeurs. Les
voyageurs qui sont déjà revenus de
l'étranger, dégoulinants d'émotions
et la tête prête à exploser de choses
à raconter, vont me comprendre.
Ils
savent très bien, eux, que lorsque les parents ou les amis
qui viennent
les accueillir à l’aéroport leur
demanderont s’ils ont fait bon voyage,
ils doivent répondre:« oui, merci!» et
c'est tout!
Ceux qui
sont restés peuvent leur consentir au maximum dix minutes
d'attention,
après quoi les voyageurs seront ramenés de force
à des considérations
plus terre à terre, comme l'amygdalite du petit dernier ou
le dégât
d'eau chez le voisin. Comme on peut le constater, demander des
renseignements à ces pauvres frustrés de la
parole, c'est leur rendre
un immense service! (G.L) |
Selon
mon expérience personnelle et selon les résultats
de ma
petite enquête auprès de voyageurs qui font de
longs
périples à l'étranger, il faut tout
juste trois
semaines pour oublier qu'on a déjà
vécu ailleurs
et autrement qu'en voyage.
Trois semaines pour
décrocher complètement de ses anciennes habitudes
et s'en
forger de nouvelles. Trois semaines pour s'intégrer
naturellement au mouvement de l'itinérance. Trois semaines
pour
changer de style de vie.
C'est un
phénomène assez
étonnant. Une fois passé le cap de ces trois
semaines, on
peut filer à l'aise, sans regrets, sans fatigue et sans
ennui,
durant plusieurs semaines ou plusieurs mois de suite.
Si
vous
avez la chance de pouvoir partir plus longtemps que ces trois
nécessaires semaines d'apprentissage et d'adaptation,
faites-le
sans hésiter. Vous ne pourrez que vous en
féliciter. (G.L.) |
Poulet
frit à la guatémalthèque
 |
En
voyage, les repas qui m’ont laissé le meilleur
souvenir,
je les ai pris dans des endroits où je ne me serais jamais
arrêtée chez moi: des tables bancales sur des
bouts de
trottoir, des huttes de paille ou de bambou, des cabanes de planches,
des hangars de béton ouverts sur la rue.
Je
me souviens en particulier d'un arrêt dans un
«restaurant» de la jungle du Péten, au Guatemala:
une maison semblable à toutes les autres, devant laquelle
une
caisse de Coca-cola indique qu'on y sert à manger au
voyageur de
passage. |
On nous a
installés à une table
protégée par un auvent de toile bleue, au beau
milieu des
poules. Et on nous a demandé si
nous voulions du poulet, en examinant du
coin de l'oeil les volatiles autour de nous. Bien sûr que
nous voulions
du poulet! Quelques caquetages et quelques volées de plumes
plus tard,
on nous a servi un des meilleurs poulets frits de mon existence. Le
poulet était frais, c'est le moins qu’on puisse
dire! (G.L.) |
Cuisine
chinoise
En
Chine
surtout, on ne connaît pas toujours
l'«identité» du contenu du plat qu'on
nous sert.
Ce n'est pas grave. Si on aime, on mange; si on n'aime pas, on laisse.
Au prix que ça coûte, la perte n'est jamais
considérable. Pourtant, on peut s'y commander volontairement
des
menus qui sortent tout à fait de l'ordinaire, et
plutôt
chers: du chien, de la tortue - à carapace molle ou
à
carapace dure - et du serpent, que l'on choisit vivants. Nous
avons fait l'expérience du serpent, à Guilin.
Ça
se passe comme suit. Le préposé du restaurant
sort
prudemment de la cage des reptiles, avec de longues pinces, celui qu'on
lui indique. |

|
Avec d'infinies
précautions, car le bougre est
vigoureux et a l'air d'être venimeux, il le cloue par le
crâne au tronc d'un arbre au bord du trottoir. Quand il cesse de bouger, il
l'entaille autour du cou et le
dépouille de sa peau. Puis il lui tranche la tête
et le futur repas
disparaît vers les cuisines. Toute cette opération
attire les curieux.
Ce n'est pas tous les jours qu'un riche client leur offre ce spectacle.
Quinze
ou vingt minutes plus tard, votre serpent ne se ressemble plus du tout.
Détaillé en fines lanières,
accompagné de
beaux légumes verts et d'une sauce appétissante,
il
semble parfaitement comestible. Il l'est. Comme texture et comme
goût, la chair du serpent se situe à mi-chemin
entre celle
du porc et celle du poulet. L'essayer, c'est l'adopter! (G.L.) |
Marchandage
Lors de notre premier
séjour au Maroc,
nous avons acheté, dans les souks de Fès, une
assiette de porcelaine blanche et bleue, typique
de la ville, que nous avons marchandée avec
âpreté. |
 |
C'était
notre première expérience et nous
étions assez fiers de nous,
quoique quand même un peu troublés à
l'idée d'y être allés un peu fort.
Revenus à notre hôtel, nous avons
remarqué une assiette assez semblable
à la nôtre dans la vitrine du magasin à
prix fixes.
Elle
était offerte exactement au même montant que celui
que nous avions
payé! À partir de ce moment-là, nous
nous sommes informés avant de
marchander et nous avons eu moins de scrupules à nous
montrer
inflexibles et sans-cœur. (G.L.) |
Nous
avons dû aller nous-même deux fois nous enregistrer
à la police de l'immigration. La première fois,
c'était au Caire, en Égypte, au Mogamma
Building, où nous devions également obtenir une
prolongation de visas.
Le
Mogamma est un immeuble de quatorze étages où
travaillent plus de
dix-huit mille bureaucrates. Dans ce cauchemar de béton, de
couloirs et
de guichets, des fonctionnaires patibulaires règnent en
maîtres dans
une pagaille invraisemblable, usant de méthodes
administratives d'une
redoutable inefficacité. Et toutes les indications sont en
arabe!
|
Pour
obtenir un service, il faut d'abord passer à un premier
guichet, qui va
nous vendre le formulaire dont nous avons besoin, puis à un
deuxième,
où nous achetons les timbres qui servent à
l'acquittement des frais de
service, et finalement, à l'ultime guichet qui va nous
délivrer,
espérons-le, ledit service. |
 |
 |
 |
 |
 |
 |
Si on s'est trompé
de formulaire ou qu'on
n'a pas acquitté le bon montant, il faut recommencer depuis
le début.
Éprouvant! Il paraît que nous avons eu de la
chance: nous avons réussi
l'épreuve en moins d'une heure. Et pour l'enregistrement, on
nous a
dit: «Canada, no need» Ouf !
La
seconde fois, c'était à Tartous, en Syrie,
dans un immeuble beaucoup plus petit et plus sympathique.
Après avoir
été promenés d'un bureau à
l'autre et d'un étage à l'autre, après
avoir
rempli des formulaires, fourni des photos et acheté des
timbres, nous
attendions le coup de tampon final qui nous libérerait des
arcanes de
l'administration. Le superviseur chargé de donner le OK
définitif à
notre démarche se faisait attendre. Il faisait
très chaud. Dans le
bureau où nous étions coincés
régnait une atmosphère
décontractée très
peu militaire. Sans manifester le moindre signe d'impatience, nous
devisions joyeusement avec les fonctionnaires en uniforme. Puis un
employé est arrivé et a
déposé devant nous sur le comptoir, deux
canettes de 7UP fraîches et fort bienvenues. Le temps de nous
désaltérer dans la plus franche
cordialité, nous avons
récupéré nos
passeports. Autre administration, autres moeurs! (G.L.) |
La
clinique d'Arequipa
En près de quarante
ans de voyage,
il ne m'est arrivé qu'une seule fois de devoir recourir aux
services
d'un médecin. C'était à Arequipa, au Pérou.
Je venais d'apprendre l'existence du choc barométrique et je
souffrais de la gorge, des oreilles et des sinus.
|
Selon
les instructions de la réception de l'hôtel, je me
suis présentée à
l'urgence de la clinique privée de la ville, qui n'avait
absolument
rien de sous-développée. J'y ai vu
très rapidement un médecin formé en
Californie, qui parlait un anglais meilleur que mon espagnol. Il m'a
traitée avec une attention et une considération
que j'ai rarement
rencontrées ailleurs. Pour lui, je devais être un
cas intéressant. Il
était littéralement fasciné par la
blancheur de mon teint et par le
réseau de veines visibles sous la surface de ma peau. |

|
La
consultation, difficilement abordable pour le Péruvien
moyen, m'a coûté
un prix ridicule selon nos critères pour des services de
cette qualité.
Par contre, les antibiotiques importés d'Australie
étaient assez chers.
C'est souvent le cas en dehors des pays industrialisés: ceux
qui en ont
les moyens peuvent toujours s'offrir les meilleurs produits. Je me suis
finalement remise très vite de mon malaise et ma compagnie
d'assurances
a remboursé mes dépenses sans sourciller. (G.L.)
|
La tenue vestimentaire des
femmes
revêt une importance considérable en pays
islamique. Sauf pour quelques pays, il n'est
généralement pas nécessaire pour la
voyageuse de se voiler ou même de
cacher ses cheveux. Il faut tout de même afficher un minimum
de
décence: porter des vêtements amples,
éviter les décolletés, couvrir
ses épaules et le haut de ses bras, et ne pas montrer trop
ses jambes.
|
Je me souviens d'avoir
rencontré dans la médina de Fès, au Maroc,
un véritable premier prix d'insolence et de mauvais
goût: une
Américaine blond platine, coiffée à la
Barbie, portant un short blanc
très court surmonté d'un bustier
élastique rouge sans bretelles,
grimpée sur des mules blanches ornées de grosses
fleurs de plastique
rouge assorties à ses énormes boucles d'oreilles.
La petite dame, fière
de son beau bronzage tout neuf, se dandinait allégrement,
apparemment
indifférente à la commotion qu'elle suscitait sur
son passage. Dois-je
vous dire que les quolibets pleuvaient sur sa route et qu'il
n'était
pas vraiment nécessaire de comprendre l'arabe pour
en saisir le sens? |
 |
Toujours
est-il que
cette «sans-doute-très-bonne-personne»,
seulement
victime de sa propre ignorance a dû retourner chez elle avec
la
conviction que tous les Marocains étaient des
obsédés sexuels. Comme
méprise, c'est difficile à battre! (G.L.) |

Au Vietnam cette
fois... et en meilleur état
|
Entre Huaquillas, à
la frontière du Pérou, et Guayaquil,
sur la côte Pacifique de l'Équateur,
nous avons voyagé dans un autobus littéralement
recouvert de dizaines
de caisses de carton, contenant chacune une cargaison de canetons et de
poussins vivants. Il faisait une chaleur torride sous un soleil de
plomb. Par
deux fois, nous avons été
arrêtés par la police militaire, qui a fait
descendre tous les
passagers pour vérifier leur identité. Nous
n'avons pas été inquiétés
mais un passager de race noire, qui semblait vraiment quelqu'un de bien
et qui voyageait tout près de nous, a subi plus de
tracasseries que les
autres. C'est à peu près le seul passager dont on
a examiné les bagages. |
Ces opérations ont
beaucoup retardé
notre transporteur. Pendant tout ce temps. les pauvres oisillons
cuisaient au soleil. Au deuxième arrêt, les
policiers sont repartis
avec une dizaine de petits canards gambadant entre leurs jambes: achat,
cadeau ou invitation à fermer les yeux?
Toujours
est-il que ces petites
bêtes-là ont eu de la chance. À
l'arrivée au terminus, le taux de
mortalité était malheureusement très
élevé parmi les petits volatiles
qui avaient fait tout le voyage. Les innocents sont souvent les
premières victimes des exactions policières.
Pauvres petites bêtes! (G.L.) |
Coupeurs
de sacs |
Millionnaires |
Il
m'est arrivé une seule fois fois d'être victime
d'un
coupeur de sacs. Ça s'est produit dans la vieille ville de
Quito, en Équateur.
C'était le premier jour du voyage et,
sur le coup, je ne me suis rendu
compte de rien. Je n'avais pas encore repris toutes mes bonnes
habitudes et j'avais baissé ma garde. Mais je
n'étais quand même pas
complètement idiote: mon voleur s'est enfui avec un paquet
de
papiers-mouchoirs et un petit foulard sans valeur. Par instinct,
j'avais gardé la main sur mon appareil photo. (G.L.) |
En fait la seule fois de notre
vie où nous avons été millionnaires,
c'était dans l'ex-Yougoslavie,
quelques mois avant que tout n'explose. La valeur du dinar baissait
continuellement alors que l'inflation échappait à
tout
contrôle. La situation économique se
détériorait si vite que le prix des services
était
souvent affiché en deutsche marks, une monnaie forte et
stable.
Les billets de banque ne valaient plus rien.
Pour
trois cents
dollars, on nous remettait une pile de dinars telle qu'il nous aurait
fallu un attaché-case pour tout transporter. Nous en
mettions
partout: dans nos portefeuilles, nos poches de veste ou de pantalon, au
fond de nos sacs. Il faut dire, en contrepartie, qu'un simple repas au
restaurant entamait généreusement notre fortune
et nous
soulageait d'une bonne épaisseur de billets.
Hélas! (G.L.) |
Le jour où Alexandra David-Néel
est entrée dans ma vie est à marquer d'une croix
sur mon
calendrier personnel. Cette Française était une
sacrée bonne femme. La lecture de sa biographie se
révèle une inspiration fantastique pour tous ceux
qui ont
envie de voyager. Malade et dépressive, elle s'est mise
à
voyager pour satisfaire un dernier caprice avant sa mort. Elle avait
à peine plus de quarante ans. Son dernier caprice en durera
près de soixante! Alexandra était une voyageuse
de type
maniaque, une adepte de la philosophie bouddhiste.
Ses
pas l'ont naturellement portée vers l'Asie. Elle fut la
première Occidentale à
pénétrer dans la
ville de Lhassa, au Tibet, déguisée en mendiante.
Elle a
vécu la révolution chinoise sur place, alors
qu'elle
avait près de quatre-vingts ans. |
 |
Elle est morte en 1969,
à l'âge de 101 ans, avec encore en sa possession
un
passeport valide. Elle a publié plusieurs livres, dont
d'étranges romans tibétains, donné des
conférences et accordé des entrevues à
quantité de journalistes. Celle qui croyait mourir jeune a
drôlement marqué son siècle, et pas
seulement
à cause de son étonnante
longévité. (G.L.) |
Partir pour les Andes
C'est
le voyage dans les pays andins d'Amérique du Sud
qui a représenté le plus gros défi de
chargement des valises. Après
quelques essais infructueux, le nécessaire a fini par
entrer. Il
fallait tout prévoir, du maillot de bain au manteau d'hiver,
des
moustiques aux pluies diluviennes, des coups de soleil aux irritations
de la gorge. |
 |
Sur
la côte du Pacifique ou en
Amazonie, le climat est torride toute l'année. En haute
montagne,
c'est... autre chose. Au petit matin, le mercure frôle
parfois le point
de congélation. Puis, la température
s'élève assez rapidement. Aux
environs de midi, on s'ennuie de ses sandales et de ses bermudas. Mais
le froid revient dès que le soleil se met à
décliner. Et vers dix-sept
heures, on peut être certain, entre décembre et
avril, de se retrouver
sous des trombes d'eau. |
On n'a d'autre
choix que d'adopter
la technique de l'oignon, c'est-à-dire les pelures
superposées:
t-shirt, chandail, veste et imperméable, qu'on
met, enlève et remet
dans l'ordre de l'énumération. Il faut un sac de
voyage assez
volumineux pour pouvoir loger tout ce qu'on ne porte pas, ce qui peut
représenter un bon poids à midi.
À
moins de passer systématiquement par son hôtel
toutes les fins
d'après-midi, il vaut mieux porter de bonnes bottes
imperméables tout
le temps. Je ne connais pas une seule paire de chaussures pouvant
résister à l'épreuve de rues
transformées en rivières impétueuses
et
grondantes. (G.L.) |
Quand
on se retrouve un beau matin, après une nuit d'avion sans
sommeil, sur
l'autoroute qui ceinture la ville de Londres, aux commandes d'une
voiture dont le volant est situé à droite, en
plein trafic et sous une
pluie battante, comment ne pas se demander: «Mais qu'est-ce que je suis
venu faire ici?»
C'est
parfaitement normal. Au-delà de la frontière
géographique, il existe une frontière mentale,
plus difficile à
franchir que la première. |
 |
Avec le temps, on se rend compte
que
l'inconfort de l'arrivée se dissipe après le
premier sommeil; avec
l'expérience, on finit même par
apprécier ces moments, les considérer
comme une sorte d'épreuve initiatique à traverser
pour décrocher de son
ancienne vie et passer à la nouvelle. (G.L.) |
Tourisme et
développement
Il
existe un paradoxe du tourisme. Les endroits magnifiques ayant
gardé
leur charme et leur couleur locale sont des destinations
particulièrement recherchées par les voyageurs,
surtout quand, en plus,
elles ne sont pas chères. Les secrets bien gardés
ne le restent pas
longtemps et les destinations encore épargnées
par le développement
touristique à outrance sont vite prises d’assaut.
Et comme il faut bien
accueillir tout ce beau monde, alors… on
développe!
Ce
développement ne se fait pas toujours harmonieusement ni
intelligemment. C’est souvent la loi du plus fort qui prime,
sans le
souci de préserver le caractère initial des
lieux, de protéger
l’environnement ou de respecter les populations locales. Le
développement suit rarement un plan d’urbanisme
réfléchi et concerté,
et les résultats sont parfois affligeants.
Mais malgré quelques
coches
mal taillées, la manne touristique profite aux pays en voie
développement. On construit des infrastructures (routes,
électricité,
aqueducs, égouts), on crée des emplois, on
encourage le marché local.
Le niveau de vie augmente, l’éducation et les
services de santé aussi.
Lors de notre passage
à Las Terrenas, en République dominicaine,
des ouvriers étaientt en train de paver la mauvaise route
qui longe la mer jusqu’à la plage de La Ballenas.
Nous avons entendu
des gens, des touristes comme nous, manifester de
l’inquiétude quant
aux conséquences que ce supplément de
progrès pourrait avoir sur le
charme et la quiétude du bord de mer.
Des
questions du même type pourraient se poser pour à
peu près toutes les
destinations exotiques. À ces questions, les
réponses ne sont pas
simples. C’est vrai que le développement
s’accompagne souvent d’une
certaine uniformisation et d’une certaine perte du
caractère
d’authenticité – une perte
d’âme diront certains - qui permet de
prendre de si belles photos. Et qu’il s’accompagne
aussi d’une sérieuse
hausse de prix.
Mais
qui sommes-nous pour interdire le progrès dont nous
jouissons à satiété
aux pays où nous passons nos vacances? Et de quel droit les
condamnerions-nous à la précarité
économique? Avant de poser sa
serviette sur une plage, ça vaut la peine d’y
réfléchir. (G.L)
|
La
réserve des Coréens
Les Coréens,
au-delà de leur gentillesse, nous sont apparus,
à de rares exceptions près, plutôt
réservés, pour ne pas dire
indifférents. La
barrière de la langue y est sans doute pour quelque chose,
mais
ça n'explique pas tout.
L'esprit
d'initiative ne fait pas partie des valeurs dominantes, même
chez
ceux qui prétendent parler anglais et qui ont pour fonction
de
servir le public. Il y a tellement peu de touristes occidentaux dans ce
pays qu'ils ne semblent pas savoir comment réagir quand ils
en
voient un. De deux choses l'une : ou bien ils figent sur
place, ou
bien ils nous ignorent totalement, comme si nous étions
devenus
transparents. |
 |
Même dans les Services
d'informations touristiques,
il faut faire des tours de prestidigitation et user de beaucoup de
diplomatie pour arracher une simple information aux
préposés dont c'est le travail et qui affirment
parler
anglais! Ils sont si réservés qu'ils ont de la
difficulté à décoder le langage non
verbal.
Après avoir
parcouru presque toute l'Asie, la légendaire
réserve
asiatique nous est familière. Mais la réserve
coréenne nous
dépasse quelque peu...
Nous
n'avons pas eu de mauvaus raports avec les Coréens - aucun
incident - juste... pas de rapports. Ça ne nous
était
jamais arrivé. G.L. |
La nostalgie du bon vieux temps
Nous
ne faisons pas partie des voyageurs nostalgiques qui se plaignent
continuellement du temps où «il n'y avait pas de
touristes» et où les
gens «vivaient pauvrement mais heureux loin de la
société de
consommation à l'occidentale qui pervertit tout».
Ces commentaires
paternalistes sont très fréquents parmi les
voyageurs. Ceux qui les
expriment voudraient que le temps et l'évolution normale des
choses
s'arrêtent dans les pays dits en voie de
développement. Sous des airs
altruistes se cache le désir égoïste
d’accroître leur sensation de
dépaysement et leur propre quête d'exotisme. Un
tel discours fait fi du
besoin de tout le monde, pas seulement des habitants des pays
déjà
riches d'où les voyageurs sont issus, d'améliorer
leur sort et de
bénéficier eux aussi du confort dit
«moderne». G.L.
|
Tout n'est pas glamour en Chine
|

Chine
- Tombeaux des Ming
|
La
Chine est au goût du jour. C'est un pays que nous aimons
beaucoup
pour de nombreuses raisons, dont son immense richesse culturelle issue
d'une civilisation millénaire. Mais nous l'aimons surtout
pour
ses habitants qui sont généralement
très
sympathiques et agréables.
Mais tout
n'est pas parfait dans ce vaste pays, point sans faut. La
Chine a aussi ses aspects déroutants, voire agressants, pour
le
voyageur venu de l'étranger. Nous en
énumérons
quelques-uns: |
- La
pollution: nous n'avons pas vu beaucoup de ciels
d'un beau bleu franc durant notre séjour malgré
un temps plutôt ensoleillé. Le smog est
présent quasi quotidiennement partout où nous
sommes passés. Une population de 1,35 milliards d'habitants
consomme évidemment beaucoup d'énergie, et il
faut savoir que 70% de cette énergie provient du charbon,
une source d''énergie très polluante. Avec sa
croissance ultra rapide et comme gros pollueur, la Chine devient de
plus en plus un acteur primordial dans la lutte à la
sauvegarde de l'environnement planétaire. On dit que les
autorités chinoises en sont de plus en plus conscientes -
nous l'espérons - et surtout qu'elles n'auront pas beaucoup
le choix de prendre des mesures de protection de l'environnement
draconiennes si, justement, la Chine veut continuer à
croître. Histoire à suivre...
- La
circulation automobile : autant les Chinois sont
plutôt agréables, autant au volant ils
deviennent... odieux! La circulation des voitures et des scooters,
c'est carrément n'importe quoi. Bon, ils ne sont
pas les seuls dans le monde à être
détestables au volant. Certains pays d'Amérique
latine et du Moyen-Orient sont dans le même cas. Mais en plus
les Chinois, disons-le, conduisent mal. Il n'y a pas une longue
tradition de conduite automobile ici. Alors posséder une
voiture, voire une petite moto, semble conférer au chauffeur
un statut au dessus du commun des mortels. Nous n'avons pas
été témoins du moindre accrochage et
on ne comprend toujours pas pourquoi! Les piétons,
très très nombreux partout, semblent accepter cet
état de fait sans jamais protester : il semble tout
à fait normal que tout véhicule ait la
priorité en tout temps, même sur un feu vert pour
le piéton, même sur le trottoir et même
en sens inverse de la circulation! Vraiment n'importe quoi!
- La
cigarette : les Chinois sont de gros fumeurs. Les
hommes, pas les femmes qui, elles, ne fument pas! Mais les hommes
fument beaucoup et n'importe où, y compris dans les
ascenseurs, les toilettes publiques, les couloirs et les chambres
d'hôtels et, évidemment, dans presque tous les
restos, particulièrement les restos populaires.
Nous-mêmes, nous avons dû quitter l'hôtel
que nous avions réservé à Shanghai
parce qu'une odeur nauséabonde de tabac refroidi avait
imprégné la literie, les rideaux et les tapis,
non seulement dans notre chambre mais dans tout l'immeuble, au point
d'en devenir insoutenable!
- Les
crachats : bon, c'est beaucoup moins pire qu'en
1985... Des campagnes des autorités chinoises et sans doute
aussi l'élévation du niveau
d'éducation ont diminué la fréquence
du problème. Mais disons qu'il est assez pénible
de voir aboutir un énorme crachat à quelques
pieds de soi, précédé d'un raclement
de gorge puissant, profond et sonore. Parfaitement
dégoûtant...
- La
notion de propreté : les Chinois sont des
gens propres. Mais quand il font le ménage, ils tournent
souvent les coins ronds. Il semblerait
aussi que leurs produits de nettoyage ne soient pas toujours d'une
grande efficacité, ou encore trop chers pour leurs moyens.
Il reste souvent une petite couche graisseuse après le
nettoyage, des empreintes digitales sur les interrupteurs ou de la
poussière sur les barreaux de chaises... Bon, ce n'est pas
trop grave...
- Les
laissés pour compte : la Chine
est un pays riche alors que les Chinois sont plutôt
pauvres. Et les laissés pour compte du progrès
sont vraiment nombreux. Le développement
économique de la Chine est très inégal
et il ne faut pas beaucoup sortir des grands axes pour s'en rendre
compte. Au retour d'un voyage en Inde, en 1987, nous avions l'habitude
de dire que nous y avions côtoyé la
misère crasse! Alors qu'en Chine, deux ans plus
tôt, nous avions constaté une grande
pauvreté mais pas la misère. Cette fois-ci, nous
avons quelques fois côtoyé la misère en
plus de la pauvreté. C'est d'autant plus frappant que la
richesse ostentatoire est maintenant visible partout.
Qu'on
se le dise, nous aimons ce pays malgré sa circulation
démente, ses
crachats, sa fumée de cigarette et ses
inégalités scandaleuses.
Mais pas d'un amour aveugle! (J.H.)
|
Une journée sur la route
entre Beijing et Pingyao
Lors
de notre second séjour en Chine, Nnous
avons quitté Beijing pour rejoindre Pingyao, une petite
ville
fortifiée plus au sud. La journée
s'annonçait plutôt pluvieuse. Environ 10
degrés,
alors
que la normale se situe autour de 15-20 degrés. Mais bon,
nous
quittions la ville pour une destination plus au sud... Nous avons pris
le métro pour nous rendre à la gare et
découvert,
une fois sur
place, que le dernier bout, bien indiqué sur notre plan, est
encore
en construction. Nous avons donc dû faire le dernier
kilomètre à
pied.
Notre
premier de deux trains, un TGV filant à 200 km à
l'heure annonçait
une journée tranquille et confortable. Une heure
après notre départ
(sur une durée de 2 heures 45), il se met à
neiger sur les arbres
verts et les fleurs! On ne s'en fait pas trop, on doit être
en
altitude, nous disions-nous. |

Chambre dans un petit hôtel
traditionnel chinois
à Pingyao |
Mais
la neige persiste et s'accumule. Une bonne dizaine de
centimètres.
Et on arrive à Taiyuan, notre ville de transit pour le
prochain
train, les deux pieds dans la neige, en chaussures. Pour couronner le
tout, il faut sortir de la gare pour y rentrer et prendre le train
suivant, un train ordinaire, c'est-à-dire probablement
déjà vieux
quand nous sommes venus en Chine en 1985.
C'est
la foule dense, très dense, très très
dense, partout. La ville
compte plus d'un million d'habitants, mais on se sent loin de la
ville glamour qu'est Beijing. On se fraye un chemin facilement,
finalement, parce ce qu'un peu tout le monde nous prend en charge,
nous guide et nous ouvre le chemin. Un jeune homme, en particulier,
nous adopte.
Dans
le train bondé, le jeune homme en question, qui se
débrouille en
anglais, s'est organisé pour déplacer les
gens qui acceptent
de bon coeur de nous laisser une place assise assez confortable.
Durant l'heure et demie de trajet vers Pingyao, nous avons presque
oublié la neige qui continuait de tomber. Le jeune homme,
étudiant
en histoire de la Chine ancienne, a servi d'interprète pour
une
partie des passagers du wagon. Nous étions les vedettes
qu'on
prenait en photos. Le jeune homme, avec notre permission, nous
appelait Grandfather et Grandmother, ce qui est un signe de
courtoisie en Chine.
Bref,
ce fut un parcours de train fort stimulant, intéressant et
instructif. C'est la Chine que nous avions connue que nous
retrouvions: chaleur humaine, entraide, curiosité, humour,
bonne
humeur, joie de vivre. Ils sont très latins finalement, les
Chinois!
On les adore!
Arrivés
à Pinygao, le jeune homme nous a
déposés sur le quai et est vite
remonté dans le train, une larme au coin de l'oeil. Il
neigeait, il
faisait froid. Nous n'étions
pas habillés pour ce temps.
Comble de chance, les taxis normaux ne peuvent pas entrer à
l'intérieur des murailles... où se trouve notre
hôtel. Seules les
espèces de motos taxis, largement découvertes, le
peuvent. Brrrr...
Bon, il faut ce qu'il faut! et on est arrivés
à l'hôtel
transis. La neige avait cessé de tomber, mais il y en avait
toujours
au sol.
Alors,
l'hôtel... Nous avions réservé un
hôtel dans une habitation
traditionnelle datant de plusieurs siècles, avec
une cour
intérieure. Pas vraiment idéal avec le temps
qu'il fait. N'oublions
pas qu'il est censé faire 20 degrés
ici. Mais là encore, nous
avons été accueillis avec pleins de
petits soins qui nous font
oublier les vicissitudes du climat. On n'y parle que le chinois mais
le langage non verbal fonctionne très bien. Nous avons donc
décidé
de prendre l'aventure avec humour et de profiter de ce que nous
avons. D'autant plus que la ville a l'air fabuleuse.
Un
excellent souper, une chambre bien chauffée et une connexion
wi-fi
qui marche font en sorte que la journée a
été
agréablement remplie! (G.L.)
|
Retour
en haut de
page
|